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Joël Dicker signe un sixième roman drôle et touchant, pensé pour rassembler petits et grands. Entre aventures rocambolesques se glisse une critique de la démocratie. “La Très Catastrophique Visite du Zoo” promet un moment de lecture captivant, à savourer seul, en famille ou entre amis.
Etonnante évolution dans l’œuvre de Joël Dicker avec ce sixième roman. Le titre déjà interpelle par son ton burlesque et excessif. On empoigne le livre avec curiosité : il est plus court que les romans précédents, la couverture en français montre des animaux et un personnage féminin. On l’ouvre en cherchant à garder la surprise intacte. Que va-t-on y trouver cette fois-ci ?
Autant le dire d’entrée : une fois ouvert, le livre ne se referme plus. L’effet « Harry Quebert », une lecture addictive, un après-midi entier à dévorer cette histoire qui enchaîne des chapitres savamment emboîtés. Une enquête, encore une enquête ? Pas vraiment, mais la capacité de garder ses lecteurs en attente de la suite, c’est désormais la patte de Joël Dicker, enquête ou vaudeville, peu importe.
Quand j’étais enfant, les jeux de société se vantaient de plaire à un public de 7 à 77 ans. Presque cinquante ans plus tard, Joël Dicker, lui, se plaît à rêver d’un lectorat regroupant des personnes de 7 à 120 ans :
« Avec La Très Catastrophique Visite du Zoo, j’ai donc essayé d’écrire un livre qui pourrait être lu et partagé par tous les lecteurs de 7 à 120 ans. Avec vos enfants, votre conjoint, vos parents, vos voisins, vos collègues. Un livre qui pourrait donner envie de lire, de faire lire, sans distinction. Et de nous permettre de nous retrouver. Pour de vrai. » (p. 253)
L’auteur est convaincu du pouvoir des livres, même en 2025 à l’heure des séries et des jeux vidéo. La littérature confine au magique et est capable aujourd’hui encore de réunir les gens, de les rassembler autour d’une histoire, de les réconcilier autour d’une fiction. Joël Dicker livre ainsi la perspective dans laquelle il inscrit son sixième roman : un livre pour toutes et tous, un objet de fascination et d’évasion partagée, un baume sur les blessures des incertitudes du temps.
Tous les critiques l’ont souligné : ce sixième roman de Joël Dicker fait replonger en enfance. Les lecteurs et lectrices francophones y entendront dès le début des échos du fameux « Petit Nicolas ». Une école, une classe, des potes, une maîtresse d’école, un directeur et des parents. Et parmi ces protagonistes enfants, une figure centrale, Joséphine, la narratrice.
Elle et ses cinq camarades masculins sont les élèves d’une école spéciale et vivent leur vie dans un bâtiment autonome, à côté de la « grande » école des enfants normaux. L’histoire démarre sur une scène de repas de famille après la catastrophe du zoo. A partir de là, le récit se déroule littéralement de catastrophe en catastrophe et s’ouvre avec l’inondation de l’école spéciale et le déménagement forcé vers l’école des enfants normaux.
La manière dont les épisodes s’emboîtent et se succèdent constitue la pièce maîtresse du livre. Ni une enquête, ni un roman à suspens et néanmoins une envie irrésistible de connaître la suite de l’histoire ! Dicker convie les lecteurs à une aventure imaginaire sur le mode d’un jeu de pistes où toute stratégie est inutile : la surprise et le comique l’emportent.
L’excès et le burlesque caractérisent cette nouvelle œuvre de l’écrivain genevois. On y retrouve des éléments récurrents typiques de ses précédents ouvrages, mais dans La Très Catastrophique Visite du Zoo, Joël Dicker force le trait et déplace les curseurs.
Derrière la construction d’un roman aux accents enfantins se dévoilent néanmoins quelques enjeux plus graves liés au monde des adultes. En filigrane, Dicker se livre en effet à une critique à peine voilée de l’état actuel de notre société démocratique. A plusieurs endroits du texte, l’auteur en fait voir les limites en mode grotesque voire parodique. Le meilleur exemple se trouve au chapitre 11, « La soirée des parents ». Ce n’est d’ailleurs peut-être pas un hasard si ce chapitre est le plus long du livre.
La soirée des parents est l’occasion d’un spectacle. Les enfants souhaitent un spectacle de pirates, mais le directeur et la maîtresse des enfants de l’école spéciale décident de proposer un spectacle sur la démocratie. Devant la déception des enfants, le directeur explique :
« La démocratie ne fonctionne que si tous les électeurs vont voter. Car ainsi, la décision prise par la majorité représente réellement la volonté du plus grand nombre. La majorité décide et la minorité doit l’accepter. Mais si les gens ne vont pas voter, ils ne font pas entendre leur voix, ce qui signifie que la décision prise ne représentera pas la majorité de la population mais en réalité une minorité. En n’allant pas voter, on laisse la minorité décider, (…) » (p. 124)
Si l’on pense aux 27% de participation aux dernières élections communales genevoises, la tirade du directeur n’en est que plus vraie. Les enfants, eux, ne comprennent pas pourquoi leurs parents ne sont pas du tout favorables à un spectacle ayant pour titre : Différents, ensemble.
Bref, à côté de l’histoire rocambolesque qui va mener à la très catastrophique visite du zoo, Dicker porte aussi un regard perçant, comique par ses exemples, réaliste et mordant par ailleurs, sur une société occidentale à cours de projets communs.
Le tout pourtant sur un ton léger et entraînant.
A lire goulûment en un après-midi, seul-e ou en groupe.
Joël Dicker est né en 1985 à Genève où il vit toujours. Il est l’auteur de six romans traduits en 40 langues qui se sont vendus à 20 millions d’exemplaires.
Son roman La Vérité sur l’Affaire Harry Quebert a été le roman francophone le plus vendu de la dernière décennie dans l’édition française. En 2018, il publie La Disparition de Stéphanie Mailer, roman qui sera également le livre le plus vendu en France en 2018, tous genres confondus. Après avoir publié L’Affaire Alaska Sanders en 2022, Joël Dicker dévoile au public La Très Catastrophique Visite du Zoo début 2025. C’est son sixième roman.
Son œuvre a été primée dans de nombreux pays.
Janique Perrin est docteure en théologie, pasteure, responsable de la formation d’adulte francophone pour les Eglises réformées Berne-Jura-Soleur.
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Joël Dicker, La Très Catastrophique Visite du Zoo, Genève, Rosie&Wolfe, 2025.
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